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Le catharisme,
entre légende et réalité |
Il n'y a pas d'hérésie plus célèbre
que celle des cathares : mais déformée par les légendes,
les mythes et la vision du romantisme du XIXe, la réalité
est parfois bien différente du mouvement des " bons chrétiens
"
Qu'est ce que le catharisme ?
Les hérétiques catholiques croient que Dieu étant
parfait, il n'a pu créer le mal, d'où la certitude
de l'existence d'un second principe créateur, le diable,
à l'origine de toutes les réalités mauvaises
ou périssables. C'est ce qu'on appelle une religion dualiste.
Selon leur croyance, une âme qui n'est pas digne d'entrer
dans le royaume de Dieu se réincarne dans un autre corps
animal ou humain.
Les hérétiques font preuve d'une spiritualité
très élevée.
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Vocabulaire
- Bon chrétien ou Bon homme
: nom donné aux cathares par les chrétiens (ils
se qualifient eux-mêmes de "chrétiens"),
- Parfait : nom employé par
les clercs médiévaux,
- Pur : terme sans fondement historique
utilisé par les auteurs modernes,
- Albigeois : uniquement utilisé
pendant les croisades de 1209 et 1223,
- Cathares : nom péjoratif
employé par les clercs médiévaux. C'est le
terme le plus employé de nos jours.
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Cette hérésie apparaît vers Toulouse et se développe
fortement entre le milieu du XIIe et le tout début du XIIIe (jusqu'à
la 1ère croisade contre les albigeois en 1209).
Pourquoi la papauté et la royauté
française souhaitent-elles se débarrasser de l'hérésie
?
A partir du milieu du XIIe, les cathares se structurent et s'organisent
: soutenue par les élites urbaines, la religion a un dogme, des
rites et un clergé.
L'hérésie a de plus en plus de succès car elle prêche
d'exemples contrairement aux évêques qui sont perçus
comme arrogants et dont la conduite est peu évangélique
: la chrétienté redoute que cette hérésie
ne fasse tâche d'huile et se répande via la petite noblesse
à d'autres régions.
De plus, les commandements des hérétiques sont en opposition
avec le système féodal : justice seigneuriale, pouvoir guerrier
des chevaliers,
Comment la papauté et la royauté
française vont-elles combattre cette hérésie ?
- 1ère croisade contre les albigeois : 1209 -
1218
Les chrétiens et le Pape Innocent III sont frustrés par
l'échec de la 4ème
croisade qui n'a pas atteint la Terre Sainte. L'idée se répand
que cet échec est un signe de Dieu : pas assez purs, les chrétiens
sont invités à stopper l'hérésie, véritable
gangrène de la chrétienté occidentale.
Les hérétiques, considérés de plus comme des
étrangers (ils ne parlent pas la même langue), sont ainsi
pris pour cible.
Il suffit que le légat du Pape soit assassiné pour que
le Pape Innocent III déclenche une croisade en 1209, suivie d'un
imposant cortège mené par Simon de Montfort.
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Simon de Montfort, qui représente le "puritanisme du
nord", est le parfait opposé de son ennemi, le comte
de Toulouse Raimond VI, le "méridional libertin"
: ils sont l'archétype du choc des 2 civilisations en présence.
Simon de Montfort va très rapidement se positionner en chef
miliaire de la croisade, grâce à son courage et à
son esprit stratège (il sortira vainqueur de la bataille
de Muret contre un ennemi ... 10 fois plus nombreux que lui). Il
est nommé comte de Carcassonne et de Trencavel, et prend
le commandement de 40 chevaliers et de 2000 à 3000 soldats.
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Seule la ville de Béziers sera prise
d'assaut et la plupart de ses habitants seront massacrés.
Le légat du Pape aurait prononcé la célèbre
phrase :
"Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra
les siens".
La véracité de cette phrase est douteuse et remise
en question par certains historiens : la ville n'aurait pas pu retrouver
sa prospérité aussi rapidement si ses 10000 habitants
avaient été tués.
Quasiment toutes les villes se rendent, comme Carcassonne, terrorisée
par ce massacre. Mais la mort de Simon de Montfort en 1218 va mettre
fin à la progression des croisés et de 1218 à
1226, les cathares vont reconquérir du terrain aidés
par le comte de Toulouse.
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Siège de Carcassonne avant
sa reddition
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Photo JFM : panoramique de la citadelle de Carcassonne
- 2ème croisade contre les albigeois : 1226
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La nouvelle croisade du roi Louis VIII en 1226 va soumettre définitivement
les cathares :
- Avignon tombe après un siège de 3 mois,
- Toulouse s'incline en 1229 : le comte de Toulouse Raymond VII
garde une partie de ses terres mais sa fille unique doit épouser
le frère de Saint Louis, Alphonse de Poitiers. Le couple
n'aura pas d'enfant et leurs terres reviendront au domaine royal,
- le siège et la reddition de Montségur en 1244
verra brûler sur le bûcher les 200 derniers cathares.
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L'Inquisition, tribunal extraordinaire dirigé par des Dominicains,
qui a débuté en 1233 à la demande du Pape,
devient systématique en 1244 : elle condamne à mort
5 à 10% des cathares identifiés comme tels suite à
enquête.
Elle suscitera la terreur car :
- son efficacité redoutable laissait peu de chance aux
cathares,
- elle pratiquait couramment la torture,
- jugeant même les morts, elle pouvait les faire déterrer
pour les brûler.
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Ces exactions ne sont pas comparables aux inquisitions espagnoles du
XVIe : il faut se garder de tout rapprochement !
Plus que par les croisades ou l'Inquisition, le catharisme s'est éteint
suite aux prédications des ordres
mendiants qui incitent les derniers adeptes à se convertir
sans utiliser la force. De même, le fait de mettre en place une
administration royale au lieu de compagnies de mercenaires contribuera
à la prospérité de la région.
Origine du mythe cathare :
L'aventure des cathares a fait l'objet d'un véritable culte à
partir du XIXe : l'essor du mouvement des nationalités a vu surgir
le mythe d'un Midi médiéval égalitaire, tolérant,
émancipateur et cultivé contre le féodalisme venu
du nord.
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L'auteur-historien romantique Napoléon Peyrat publie en 1870
son Histoire des Albigeois : il popularise entre autres le mythe de
Montségur en écrivant des pages envoûtantes en
utilisant les archives de l'Inquisition pour ressusciter les grands
faits de cette résistance. Ses ouvrages dans lesquels "sa
plume s'enflamme" trouvent encore aujourd'hui un large public,
mais n'ont pas de réel fondement historique :
" Montségur est notre capitole sauvage ! Montségur
est notre tabernacle aérien ! L'arche qui recueillit les débris
de l'Aquitaine sur la mer de sang. Il est grand et saint, plein de
mystères et de merveilles
". |
C'est ainsi à l'enthousiasme romantique de Peyrat que l'on doit
l'invention de la plupart des mythes qui alimentent encore aujourd'hui
l'imaginaire du catharisme.
Les fausses idées :
Le catharisme n'est pas une religion populaire ni majoritaire dans le
Languedoc : il s'agit d'une hérésie savante, dont les subtilités
dépassaient les paysans et travailleurs des villes.
L'idée que tout le Languedoc était soumis à l'hérésie
est totalement fausse, mais présentait l'avantage :
- d'exalter l'héroïsme des croisés et justifier leurs
exactions,
- de souligner le danger encouru par la chrétienté en
dénonçant un peuple entier de fanatiques.
Il apparaît en effet dans les documents laissés par les
procès d'Inquisition que le recrutement des cathares était
très restreint : petits aristocrates, riches marchands, notaires,
avocats,
Le nombre de cathares dans le Languedoc peut être estimé
entre 2 et 5% de la population.
La fin de la citadelle de Montségur
:
La citadelle est depuis le début du XIIIe le véritable
pôle du catharisme : la crainte que suscite la croisade de Simon
de Montfort incite des hérétiques à se réfugier
en ce lieu stratégique, puis la 2ème croisade de Louis VIII
suivie par l'Inquisition gonflent encore le nombre de réfugiés
qui fuient les villes et refusent ainsi leur soumission au roi de France.
Cette citadelle apparaît donc clairement
comme le centre du refus de l'ordre royal et la décision
de l'assiéger est prise en 1243 lors d'un concile : une immense
armée royale se prépare en campant au pied de Montségur.
Dominant les alentours d'une centaine de mètres et hors
de portée des catapultes, il faudra attendre 10 mois et une
ascension nocturne par une voie difficile pour conquérir
un 1er poste de guet, à partir duquel l'étau se resserrera
jusqu'à la reddition du 16 mars 1244. Environ, 200 hérétiques
refusant d'abjurer seront condamnés au bûcher.
Les ruines reçoivent chaque année quelques milliers
de visiteurs : mais les pierres que l'on voit aujourd'hui n'ont
rien de cathares ! Ce fait est connu des historiens depuis 1960
suite à des relevés archéologiques et à
l'analyse des registres de l'Inquisition.
Montségur n'était à l'époque qu'un
village fortifié comportant un modeste donjon dont il ne
reste aucune trace visible : seules les terrasses des maisons et
de la résidence seigneuriale de Raymond de Péreille
ont été trouvées suite à des fouilles.
Les ruines actuelles sont l'oeuvre des vainqueurs du siège
(fin du XIIIe) au prix de travaux considérables qui ont remodelé
le sommet de la montagne en détruisant les dernières
traces de l'occupation cathare.
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Photo : magazine Cathares Pyrénées
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Quelques beaux châteaux du pays cathare
Ancré sur un étroit piton rocheux, ces ruines qui
se confondent avec la falaise dominent les Corbières tel
un nid d'aigle. Il sera le dernier bastion cathare à tomber
aux mains des croisés en 1255.
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Situé dans les Corbières dans la plaine de Tuchan,
les ruines de ce château se dressent au sommet d'une colline,
entouré par la garrigue etl surplombe un paysage dominé
par la vigne.
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Situé au pied de la Montagne Noire au nord de Carcassonne,
les 4 remarquables châteaux du site sont perchés au
sommet dune crête qui domine la vallée à
plus de 300m.
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Et à venir le château de Peyrepertuse !
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