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Lente affirmation
des capétiens au XIe siècle
(996 - 1108)
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Les rois capétiens du XIe
Durant le XIe, 3 rois capétiens vont se succéder et assurer
l'ancrage de la dynastie capétienne :
- Robert II le Pieux : 996 - 1031
Il saura s'entourer de conseillers habiles pour tenir tête
aux feudataires révoltés et luttera contre l'anarchie
féodale. Il conquiert entre autres le duché de Bourgogne.
Il devra combattre le puissant duc de Normandie et sera contraint
de céder le duché de Bourgogne à son frère
Robert.
Par son mariage avec la fille du prince de Kiev, il établira
des contacts entre son royaume et la chrétienté orientale.
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Robert II le Pieux
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Philippe Ier
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- Philippe Ier : 1060
- 1108
Il s'agit du 3ème plus long règne d'un roi en France
avec 48 années de règne !
La clé de voûte de cette
église représente
les quatre premiers rois capétiens
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Son règne comportera deux événements majeurs :
Conquête de l'Angleterre en 1066
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Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, conquiert l'Angleterre
avant de se faire couronner roi de ce royaume : le fait que le roi
d'Angleterre soit vassal du roi de France va provoquer de nombreux
conflits entre les 2 pays durant les siècles suivants.
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1ère croisade en 1096
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Cet événement va avoir des conséquences considérables
dans tout l'Occident, et donnera naissance à 7 autres croisades.
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Philippe Ier ne pourra pas participer à cette croisade car
il a été excommunié par le Pape Urbain II suite
à son mariage réprouvé par l'Eglise. En 1095,
le roi s'éprend follement de Bertrade de Montford, la femme
du comte d'Anjou Foulques IV : il fait annuler son premier mariage
avec Berthe de Hollande et se marie l'année suivante avec
Bertrade qui n'est pas divorcée. A l'annonce de ce mariage,
les comtes de Flandres et d'Anjou se révoltent, ainsi que
le Pape Urbain Urbain II qui excommunie le roi.
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Stabilité des 1ers capétiens :
La stabilité des 1ers capétiens est due à quatre
éléments :
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Une monarchie progressivement héréditaire
: bien que l'avènement du roi soit électif, l'habitude
d'associer le fils aîné au trône va permettre d'introduire
progressivement dans les faits le principe d'hérédité
: les grands du royaume continuent à ratifier la désignation
et le couronnement du fils aîné du vivant de son père
et participent ainsi à la consolidation de la monarchie et
à l'ancrage au pouvoir des capétiens. Le sacre du roi
ne fait donc que légitimer un roi déjà coopté,
bien que la notion d'élection subsiste jusqu'en 1179 : il contourne
le principe de l'élection royale et protège la famille
régnante de toute surprise.
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Existence d'un héritier : la stabilité
de cette dynastie est également due à la chance que
tous les monarques aient eu de 996 jusqu'en 1328 un héritier
mâle apte à leur succéder.
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Un resserrement territorial pour mieux préparer
l'expansion des siècles suivants : à partir de
Philippe Ier, le roi concentre ses efforts sur son propre domaine
afin de donner à son pouvoir une base stable. Il limite ses
interventions aux zones ou il sait être le plus puissant.
- Une ébauche d'organisation de l'Etat
: le roi confie à des seigneurs fidèles des
responsabilités au sein de sa cour et utilise ainsi à
son profit la force de certaines familles châtelaines d'Ile-de-France.
La nomination de prévôts (officiers locaux) chargés
de veiller aux droits et aux revenus royaux permet au roi d'administrer
d'une manière rationnelle son propre domaine.
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Denier de Philippe I (musée d'Auxerre)
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Famines et épidémies
Il semblerait que les fameuses " terreurs de
l'an mil" n'aient jamais existé : la crainte de fin
du monde correspondant au millénaire de la vie du Christ (1000
- 1033) serait une invention d'historiens du XIXe.
Mais il est certain que durant cette période, les hommes ont ressenti
une angoisse latente du Jugement Dernier, accentuée par les trois
séries de famines et épidémies qui apparaissent pendant
la 1ère moitié du XIe et qui sont en fait dues :
- au faible rendement de l'agriculture,
- aux difficultés de transport des denrées qui limitent
la circulation des régions d'abondance vers les régions
de pénurie,
- aux aléas du climat qui alterne "sécheresses"
(en 1005 et 1006) et "pluies excessives" (entre 1020 et 1035).
Affamés durant les famines, les paysans se nourrissent de produits
impropres à la consommation, ce qui entraîne des maladies
et épidémies favorisant un sentiment de peur.
Toutefois, en dehors de ces périodes tragiques mais ponctuelles,
l'Occident semble reprendre du poil de la bête :
- le climat se radoucit et les récoltes sont donc plus abondantes,
- le nombre d'habitants augmente : la population triple entre le Xe
et la fin du XIIIe, c'est un signe que sa condition, bien que non idéale,
n'était pas aussi noire que certains l'ont présentée
(il faut noter que les paysans représentent environ 85% du total).
Les saints du Limousin :
Une terrible épidémie frappe le Limousin en 994 :
maux de têtes, fortes fièvres, vertiges, délires
puis une sensation de brûlures avant que les membres
noircissent et que la mort survienne.
Ce mal est considéré comme un châtiment divin
et rien ne semble le guérir.
Un concile se réunit alors à Limoges : l'Evêque
impose trois jours de jeun et une procession avec des reliques saintes
de Martial (qui a évangélisé le Limousin).
L'épidémie cesse alors comme par miracle, et les ostensions
deviennent une tradition qui se déroulent dans un nombre
croissant de paroisses (elles seront également efficaces
lors d'autres épidémies !).
On sait aujourd'hui qu'il s'agissait de l'ergot, un parasite qui
contamine la farine : mais cette tradition de procession est encore
d'actualité aujourd'hui et se déroulent dans une dizaine
de paroisses (Limoges, Nexon, Saint Just,
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Développement urbain et essor démographique
:
Malgré une atmosphère de troubles et de guerres, la société
connaît aux Xe et XIe siècles une période de profondes
restructurations économiques, marquée par un réel
essor démographique, des progrès techniques en matière
d'agriculture et un premier développement urbain.
- Développement des villes :
Pendant les périodes troubles, la plupart des villes se sont resserrées
sur elles-mêmes afin d'avoir une surface réduite à
défendre.
Le retour d'une certaine sécurité, l'essor de l'agriculture
et du commerce, le développement de certaines foires (Champagne
et Saint Denis entre autres) et le développement de l'industrie
textile vont favoriser en France la multiplication des villages, voire
des villes (qui sont ainsi qualifiées au delà de 1000 habitants).
En s'accroissant, des quartiers se développent en dehors des remparts
changeant la physionomie des villes.
C'est ainsi que Louis VI crée à Paris sur la rive droite
de la Seine le marché neuf des Champeaux, noyau du futur quartier
des Halles.
Les marchands et artisans se regroupent en associations et représentent
une puissance grandissante face au système seigneurial : ils cherchent
à jouir d'une plus grande autonomie en rédigeant des chartes
fixant les droits et devoirs de chacun.
Ces associations, appelées "commune jurée" donnent
naissance à ce que les historiens appelleront plus tard le "mouvement
communal" qui a permis aux villes de se libérer durant les
XI et XIIe.
Ces chartes s'obtiennent de plusieurs façons :
- soit de plein gré suite à un accord avec le seigneur,
- soit par l'achat : les habitants négocient dans ce cas avec
leur seigneur,
- soit par la violence comme au Mans (plus vieille commune de France
en 1069) ou encore à Laon en 1112 : son évêque et
ses chevaliers sont massacrés par les habitants au nom de "
commune ! commune ! ". Ils subiront ensuite les représailles
de la part du roi de France.
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Sceau de la ville de Paris du début du XIIIe
Paris était un port fluvial très actif géré
par la communauté des marchands de l'eau. C'est donc leur
emblème, une nef, que la ville a choisit de faire figurer
sur son 1er sceau puis dans ses armoiries : cette nef est encore
aujourd'hui le symbole de Paris et figure sur la plupart des symboles
administratifs.
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