|
|
Des règnes
éphémères et le début des Robertiens
(877 - 987) |
Des règnes éphémères : 4 rois
en 10 ans
- Louis II-le-Bègue (877 879)
Fils de Charles-le-Chauve, il prend la succession à la mort
de son père en 877. Il est maladif, chétif et affligé
de bégaiement, laristocratie profite donc de sa faiblesse
pour arracher à la monarchie de nouvelles concessions. Il
meurt alors quil prépare une expédition contre
les comtes de Poitiers et du Mans. Il laisse deux fils dun
1er mariage, Louis III et Carloman, et sa 2ème épouse
est enceinte dun fils, qui sera Charles-le-Simple : ils deviendront
tous les trois rois !
Louis II le Bègue après
son couronnement
(Grandes Chroniques de France, BN Paris)
|
 |
Il accepte, ce qui est rarissime dans lhistoire des rois, de partager
le pouvoir avec son frère Carloman : il gouverne la Neustrie et
lAustrasie, et laisse à son frère la Bourgogne, lAquitaine
et la Septimanie (Narbonne, Carcassonne, Béziers et Nîmes).
Après avoir remporté une victoire sur les vikings, il meurt
sans descendance en 882 et laisse le royaume à son frère
Carloman.
Jeune et inexpérimenté, il laisse ses conseillers et le
comte de Paris Eudes, fils de Robert-le-Fort,
gouverner à sa place. Il meurt à son tour en 884 dune
blessure de chasse, sans aucune descendance. Son demi frère Charles-le-Simple
nayant que 5 ans, les grands du royaume proposent la couronne à
Charles-le-Gros, déjà roi dAllemagne et dItalie
: il est l'oncle des 2 précédents rois (voir l'arbre
généalogique des carolingiens).
- Charles-le-Gros (884 887)
Grâce à la régence accordée par les grands
du royaume, il contrôle quasiment le même territoire que son
arrière grand-père Charlemagne.
Mais, qui plus est obèse et épileptique, il se montre indigne
de ses responsabilités :
- Il achète à prix dor la paix avec les vikings
au lieu de leur tenir tête,
- Il dépouille les nobles autrichiens,
- Il fait exiler sa sur et crève les yeux dun neveu
rebelle,
- Il est à la fois rejeté par les nobles français
qui désignent en 887 un non carolingien, le comte de Paris Eudes,
et par les nobles allemands qui le font enfermer dans une abbaye.
Il y aura donc eu 4 rois en 10 ans ! (voir
l'arbre généalogique ... pour mieux se repérer).
Un 1er roi non carolingien : Eudes (888 - 898)
Après les règnes éphémères et peu
énergiques de LouisII-le-Bègue puis de ses fils Louis III
et Carloman puis de son cousin Charles-le-Gros déposé en
887, il fallait un homme fort capable de juguler l'anarchie ambiante :
Eudes, comte de Paris, d'Anjou et de Touraine sera
ainsi élu roi en 888, remettant en cause le principe d'hérédité
du trône. Il est donc désigné roi de France
au détriment de Charles-le-Simple, dernier héritier carolingien.
Il est fils de lillustre Robert-le-Fort,
qui a défendu le royaume contre les vikings en 853 : ce dernier
est à l'origine de la lignée des Robertiens,
et il est l'arrière grand-père d'Hugues Capet qui donnera
son nom à la dynastie des Capétiens.
Eudes sest déjà illustré à deux
reprises contre les vikings :
- une 1ère fois en 879,
- puis en 885 contre 700 drakkars et 20000 vikings : le siège
durera un an avant le retrait des assiégeants. Charles
le Gros leur verse un tribu pour quils quittent la ville.
Le
comte Eudes défend Paris contre les Normands
(d'après Schnetz du XIXe, exposé au château
de Versailles)
|
 |

Photo : merci Olivier P !
Cette plaque commémorative est localisée sur le parvis de
la cathédrale Notre-Dame-de-Paris,
à l'entrée de la crypte : elle illustre les durs combats
menés par le Comte Eudes et ses compatriotes contre les vikings.
 |
Eudes meurt en 898 et Charles-le-Simple devient roi : la couronne
revient aux carolingiens, comme il avait été acté
car certains seigneurs contestaient que le dernier descendant posthume
de LouisII-le-Bègue ait été écarté
de la succession : mais la famille des robertiens continuera à
tisser sa toile ! |
Charles-le-Simple (898 923)
Il devient enfin roi de France après que le trône lui ait
été refusé à deux reprises :
- une première fois à lavantage de son oncle Charles-le-Gros
en 884,
- puis en 888 avec Eudes,
Son qualificatif signifie « loyal » et non pas « sot
», mais il ne fait pas preuve d'une capacité politique remarquable
Il est impuissant face aux seigneuries féodales qui se renforcent
à labris de leurs châteaux-forts et il leur accorde
des concessions qui les renforcent davantage.
Le traité de Saint-Clair-sur-Epte avec
les Vikings
|
Il se montre par contre diplomatique pour résoudre le problème
viking avec le traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911 (ces
négociations ont été entamées avec Eudes)
:
En effet, les normands, commandés par Rollon sont très
profondément ancrés sur la Somme, la Seine et la Loire.
Charles III-le-Simple et les évêques ont la bonne idée
de proposer à Rollon linstallation des hommes du nord
dans les 3 diocèses de Rouen, Evreux et Lisieux. Le duché
de Normandie vient de naître, et deviendra grâce au
zèle de ses dirigeants lun des plus puissants de France.
Au titre de cet accord, leur chef Rollon se fait baptiser, épouse
la fille de Charles-III-le Simple et adopte des principes à
la fois francs et scandinaves.
Une anecdote : Rollon, dédaigneux envers Charles-le-Simple,
fait rendre lhommage par lun des siens : devant baiser
son pied, ce dernier le prend pour le porter à la bouche
plutôt que de sagenouiller, jetant ainsi le roi à
la renverse, ridiculisant encore Charles-le-Simple devant les nobles
présents !
|
La prise de contrôle par les robertiens
En 922, les aristocrates menés par le frère d'Eudes,
Robert Ier, se coalisent, désignent
comme nouveau roi Robert Ier et renversent Charles-III-le Simple
: le roi déchu contre-attaque et durant la bataille qui oppose
en 923 à Soissons les deux armées, il fait preuve
dune grande bravoure.
Robert Ier est tué mais son fils Hugues-le-Grand
parvient à ranimer le courage de ses soldats et à
mettre en déroute larmée de Charles-le-Simple.
Le roi se réfugie chez un de ses vassaux et sa seconde épouse
senfuit en Angleterre avec leur jeune fils, qui sera le futur
roi Louis IV dOutre-Mer.
|

Robert 1er est tué par le porte étendard de Charles-le-Simple
à Soissons
|
C'est Raoul, duc de Bourgogne et gendre de
Robert Ier, qui est élu roi en 923.
Il se défendra entre autres face aux incursions hongroises (926)
et normande (930), et aura la dure tâche de simposer face
aux vassaux qui se permettent de battre leur propre monnaie. Il meurt
en 936 sans descendant et son frère Hugues-le-Grand installe sur
le trône le fils de Charles III-le-Simple qui avait été
exilé en Angleterre, Louis IV d'Outre-Mer
(voir l'arbre généalogique
... car ça se complique ...).
A la mort du roi Louis IV d'Outre-Mer en 954 , Hugues-le-Grand laisse
monter sur le trône le fils du roi, Lothaire,
âgé de seulement 13 ans. Le roi reste sous la tutelle
de Hughes-le-Grand qui en profite pour soctroyer les duchés
dAquitaine puis de Bourgogne.
Il meurt en 986, probablement empoisonné par sa femme : son
fils Louis V lui succède. |
Hugues-le-Grand
Cest un homme de pouvoir et un fin manipulateur : plutôt
que de revendiquer la couronne, il préfère la faire
porter à une personne qui lui est dévouée.
Il devient également loncle de Louis IV en épousant
la sur de sa mère.
|
Louis V meurt à son tour seulement 15 mois après être
monté sur le trône dune chute de cheval lors dune
partie de chasse. Il na pas dhéritier et le dernier
carolingien, son oncle Charles, duc de Basse-Lorraine, est détesté
de tous les nobles, qui lui préfèrent Hugues
Capet, fils de Hughes-le-Grand. Hugues Capet
se fait ainsi élire roi en 987, mettant fin à la dynastie
des carolingiens et inaugurant pour 8 siècles celle des capétiens.
Comme les Pippinides avaient progressivement pris le pouvoir aux mérovingiens,
les robertiens auront fait de même aux carolingiens.
Le développement de l'ordre de
Cluny
Au début du règne des carolingiens, les monastères
ne respectent plus la règle de Saint
Benoit : pour obliger les monastères à respecter
ses principes fondamentaux, Louis le Pieux imposera par le capitulaire
de 817 la règle bénédictine à tous les
monastères ... mais sans grand succès.
|
Dans le contexte de délabrement global de la vie monastique,
le duc d'Aquitaine et comte de Mâcon Guillaume cédera
en 909 à l'abbé Bernon un domaine dans la Saône
pour qu'il y fonde le monastère de Cluny sous le patronage
des apôtres Pierre et Paul, et qui sera libéré
de toute tutelle laïque.
L'ordre de Cluny connaîtra
un essor extraordinaire : au XIIe, environ 300 établissements
avec près de 10000 moines y seront affiliés en Europe,
une densité jamais atteinte pour un ordre monastique !
|

Eglise de Cluny III
BNF, Cabinet des Estampes
|
|