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Affirmation
puis prise de pouvoir des Pippinides
(751 - 768) |
Affirmation de la famille des Pippinides :
De 639 à 751, la famille des Pippinides ne va cesser de porter son empreinte
sur l'anarchie de la monarchie mérovingienne : elle va progressivement
concentrer entre ses mains les réels pouvoirs et se montrera capable
de résister aux dangers tant intérieurs qu'extérieurs.
Elle remplacera à partir de 751 la dynastie des mérovingiens
et donnera naissance à la dynastie des "carolingiens".
Les membres influents de cette famille seront successivement :
- Pépin de Landen : il a été l'un des conseillers
de Dagobert (dernier mérovingien ayant réellement du pouvoir)
avant d'être écarté pour calmer ses prétentions. Il redevient Maire
du Palais d'Austrasie
en 639 à la demande de la régente du royaume (les fils de Dagobert sont
trop jeunes pour régner) et en profite pour prendre possession de la
moitié du trésor royal !
- Grimoald : fils de Pépin de Landen, il
est initialement écarté de la Mairie du Palais d'Austrasie (comme son
père, ses ardeurs effraient la monarchie). Il parvient toutefois à ses
fins après avoir gagné la confiance du roi Sigebert III (fils de Dagobert)
et fait assassiner Otton qui occupe la fonction convoitée. Pour asseoir
son propre fils sur le trône, il imagine un plan d'une audace extrême
: à la mort de Clovis II en 657, il fait adopter son fils par le roi
Sigebert III (il va même jusqu'à se permettre de le faire baptiser du
nom royal de Childebert !). Afin d'écarter le descendant légitime de
Sigebert III au profit de son fils, Grimoald le fait tonsurer et enfermer
dans un couvent. Cette usurpation va générer des protestations chez
les austrasiens : Grimoald et son fils seront assassinés en 662.
- Pépin de Herstal (ou Pépin II) : environ
10 ans après l'assassinat de son oncle Grimoald, Pépin de Herstal s'impose
en qualité de Maire du Palais d'Austrasie : sa puissance militaire et
politique font de lui un homme incontournable. En 687 et après avoir
essuyé 2 échecs, il s'empare à l'issue de la bataille de Tertry de la
Mairie du Palais de Neustrie : les Pippinides s'affirment désormais
comme maîtres incontestés de tout le royaume du Nord (Neustrie et Austrasie).
Il meurt en 714.
- Charles Martel : la mort de son
père Pépin de Herstal et la désastreuse régence de sa femme
Plectrude vont inciter la Neustrie à se soulever contre les austrasiens.
Sur le point d'être battue, l'Austrasie est sauvée in extremis
par un des fils de Pépin de Herstal, Charles Martel, qui s'évade
après avoir été emprisonné par Plectrude qui se méfiait de son
ambition et souhaitait transmettre le pouvoir à ses fils naturels.
Charles Martel parviendra en quelques années à rétablir l'autorité
des Pippinides.
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Figurine de Charles Martel (étain du
Graal)
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Charles Martel va notamment s'affirmer
en arrêtant les Arabes en 732
En pleine guerre sainte, les califes arabes contrôlent un territoire
considérable (grande partie du Proche Orient, Afrique du Nord, Inde,
Espagne). Aidés des berbères, ils conquièrent
Narbonne en 719, Carcassonne et Nîmes en 725 et remonteront
la vallée du Rhône en 726. Charles Martel mettra fin
à leur progression en 732 près de Poitiers (à Moussais-la-Bataille
dans la Vienne) : la cavalerie lourde mérovingienne (ancêtre des
chevaliers) écrase la cavalerie légère des sarrasins. Il doit d'ailleurs
son surnom de "Martel" à ses prouesses lors de ce combat.
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Pour prouver l'inutilité des rois mérovingiens, il laisse le trône vacant
après la mort de Thierry IV en 737 (tous les documents officiels seront
daté de 737 pendant les 7 années de vacance !).
Il meurt en 741 et est enseveli dans la Basilique Saint Denis comme un
monarque : ses fils Pépin le Bref et Carloman lui succèdent.
La famille des Pippinides (Pépin de Landen, Grimoald, Pépin de
Herstal, Charles Martel) aura ainsi occupé le pouvoir à la place d'une
dynastie mérovingienne effacée pendant un siècle.
Prise de pouvoir des Pippinides : début des carolingiens
Pépin le Bref (ou Pépin III), qui doit
son surnom à sa petite taille, prend ses fonctions de Maire des
palais d'Austrasie et de Neustrie en 747 après que son frère
Carloman renonce au pouvoir pour devenir moine.
C'est avec l'aval du Pape Zacharie qu'il dépose le dernier roi
mérovingien Childéric III : il le fait tonsurer en 751 (la longue
chevelure était alors un signe de royauté) avant de le faire enfermer
dans un monastère. Il est élu roi en
751 par l'assemblée des francs et sera sacré à Saint Denis
par Saint Boniface, mettant définitivement fin à la dynastie des
mérovingiens et donnant naissance à la dynastie des carolingiens
qui perdurera jusqu'en 987.
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Une politique d'entente avec l'Eglise
Le Pape Etienne II, menacé jusque dans Rome par les Lombards qui
occupent le nord de l'Italie, appellera en 754 Pépin le Bref à
l'aide : ce dernier accepte mais réclame en échange d'être
sacré à nouveau par lui. Ce sacre en
754 scelle ainsi l'alliance entre la papauté et le roi.
Importance du sacre
La royauté de droit divin ôte la légitimité
des seigneurs francs pour l'élection de leur roi : Pépin
se considère ainsi roi par la volonté de Dieu et la
royauté de droit divin va durer en France sans interruption
pendant plus de mille ans.
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Pépin le Bref va combattre les lombards et remettra les territoires
conquit non à leur propriétaire légitime qui est
l'empereur de Byzance,
mais au pape Etienne II. Les 22 villes concernées formeront, avec
Rome, les Etats Pontificaux.
La papauté poursuit un double but :
- éviter la substitution d'une tutelle franque à une tyrannie
lombarde,
- trouver un contrepoids à l'Empire byzantin, qui voulait affranchir
le patriarche de Constantinople de la suprématie romaine.
Cette politique d'entente avec l'Eglise permettra
à Pépin de légitimer son pouvoir et d'avoir un allié
puissant. Pépin favorisera ainsi le missionnaire anglo-saxon
Saint Boniface et l'aidera à réformer le clergé de
Gaule.
Une 1ère succession sans division
Après avoir pacifié son territoire et étendu son
royaume en contrôlant l'Aquitaine et en reprenant la Septimanie
(sud du pays) aux arabes, Pépin le Bref meurt en 768. Son royaume
est divisé selon la coutume franque entre ses fils Carloman et
Charles (742-814), qu'on nommera Charles le Grand (Carolus Magnus = Charlemagne).
Après le décès de Carloman en 771, Charlemagne
recueille l'ensemble de son héritage.
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